Depuis le début de cette crise sanitaire mondiale, plusieurs mesures barrières ont été édictées par le gouvernement ivoirien pour lutter contre la Covid-19. Il s’agit entre autres du maintien d’une distance sociale d’un mètre, du lavage régulier des mains avec de l’eau ou du savon ou une solution hydro alcoolique, et le port obligatoire de masques. Mais comment les populations utilisent-elles les masques au quotidien ?
Il est 8h13 ce mardi 26 mai 2020. Dans la gare des minicars « Gbaka », située à Adjamé Texaco, les passagers à bord d’un véhicule portent leurs masques. Mais ce qui attire l’attention, c’est l’état des masques de certains, notamment les apprentis des minicars.
Didier Lué, apprenti « Gbaka », faisant le trajet Yopougon- Adjamé, porte un masque jetable de couleur blanche, qui s’assombrit à cause de la saleté. « On nous a dit de porter le masque, non ! On va porter quel que soit la couleur. Moi en tout cas, mon masque, ça me fait une semaine que je n’ai pas changé parce que si je ne porte pas et que les ‘’gomons’’ (la police) m’attrape, je vais payer une amende ou bien on nous met en fourrière. Maintenant, si ça me rend malade ou pas je ne sais », se défend-il, dans un français approximatif.
Entre se protéger contre le coronavirus et montrer à la face des forces de l’ordre qu’ils respectent les mesures barrières en vigueur, certains ont fait le choix de continuer sans coup férir leurs activités.
Les difficultés évoquées par les populations
Mohamed Touré, un autre apprenti, estime que le port régulier de masques a un coût. Un luxe pour lui. « Si on doit payer les masques tous les jours, nous-mêmes, on va manger quoi ? », questionne-t-il. « On nous demande de porter les masques pour 3 ou 4 heures de temps. On ne nous aide pas à en avoir mais on veut qu’on change. S’ils nous donnent beaucoup on va changer chaque 2 heures même », a-t-il renchérit, avec hilarité.
Une position partagée parBéatrice Kouamé, vendeuse de fruits : « moi, j’ai cinq enfants. Donc imaginez si je dois toujours payer pour tout le monde en plus de moi-même. Mon commerce va tomber. Donc si j’achète pour eux le lundi, ils restent avec jusqu’au dimanche. Le gouvernement demande de porter des cache-nez mais ne sait pas comment on faire pour les avoir ». Ne craint-elle pas pour la santéde ses enfants avec le port d’un même masque jetable sur plusieurs jours ? « En tout cas pour leur santé, je m’en remets à Dieu », élude Béatrice Kouamé.
Le port d’un même masque pendant plusieurs jours peut avoir des effets néfastes sur la santé, le Dr Fanta Comara, Sous directrice de l’hygiène publique et de la santé environnementale, à la Direction nationale de l’hygiène publique. « La durée du port d’un masque est de 4 heures. Une personne qui va au-delà s’expose à d’autres pathologies », explique-t-elle, contactée ce 26 mai 2020. « Si vous devez porter le même masque pendant des jours, forcément il sera en contact avec d’autres microbes et ces microbes donneront d’autres maladies. Je ne conseille pas cela car c’est risqué », prévient-elle. Elle suggère aux populations de s’en tenir à ce temps recommandé du port du masque pour se protéger contre la Covid-19 et d’autres maladies.
A ce jour, la Côte d’ivoire enregistre 2 423 cas confirmés, 1 257 guéris et 30 décès due à la maladie à coronavirus. Il est bien de porter un masque comme demandée par les autorités mais il est mieux de se protéger efficacement en cette période de crise sanitaire. Le renforcement de la sensibilisation des populations est également nécessaire.
Mamady Kebe