Des informations évoquent le fait que le coronavirus peut se transmettre par des rapports sexuels. Ces affirmations sont-elles exactes ? Nous avons vérifié.
Plusieurs affirmations soutiennent que le Covid-19 est une infection qui peut se transmettre lors des rapports sexuels. Ces écrits circulent sur les réseaux sociaux et sont relayés par des médias. Operanews écrit que « le coronavirus peut se transmettre pendant les rapports sexuels », lors desquels les mesures de protection comme la distanciation sociale ne sont pas suivies. « De plus, le coronavirus est présent dans les selles. C’est donc potentiellement présent dans la zone anale et aussi potentiellement présent dans les zones autour de l’anus. Même si ça paraît plus anecdotique, vous pouvez être selon vos pratiques sexuelles (exemple : annulingus, sodomie ou rimming), en contact avec le virus par ce biais », poursuit le média en ligne.
Quel est le mode de transmission du Covid-19 ?
Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), le COVID-19 « se transmet principalement d’une personne à l’autre par le biais de gouttelettes respiratoires expulsées par le nez ou par la bouche lorsqu’une personne malade tousse, éternue ou parle ». Ces gouttelettes peuvent se retrouver sur des objets ou des surfaces autour de la personne malade (tables, poignées de porte et rampes, par exemple). « On peut alors contracter la COVID-19 si on touche ces objets ou ces surfaces et si on se touche ensuite les yeux, le nez ou la bouche », explique l’organisation onusienne. C’est pourquoi pour lutter contre cette maladie, elle recommande notamment de se tenir à un mètre au moins des autres personnes et se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydro-alcoolique.
L’OMS ajoute que des traces du virus ont été découvertes dans les selles mais aucun cas de contamination au Covid-19 n’a été rapporté en mettant en bouche des doigts, des objets, des boissons ou de la nourriture souillés par des matières fécales : « Il existe des preuves que l’infection au COVID-19 peut entraîner une infection intestinale et être présente dans les fèces. Cependant, à ce jour, une seule étude a cultivé le virus COVID-19 à partir d’un seul échantillon de selles. A ce jour, aucun cas de transmission fécale-orale du virus COVID-19 n’a été signalé ».
Ce que disent les résultats des études réalisées
La preuve dont parle l’OMS est une étude menée par des chercheurs chinois. En effet, les auteurs de cette étude publiée le 7 mai 2020 dans la revue JAMA Network Open, assure que le virus responsable du COVID-19 « peut être présent dans le sperme des patients atteints de COVID-19, et que le SRAS-CoV-2 peut toujours être détecté dans le sperme des patients en convalescence ». L’étude ne précise toutefois pas si le coronavirus peut être transmis sexuellement. Ces chercheurs ont détecté le virus dans le sperme de six des 38 hommes qui avaient été hospitalisés pour des cas confirmés en laboratoire de COVID-19. « L’abstinence ou l’utilisation du préservatif peut être considérée comme un moyen préventif pour ces patients », rapporte cette étude, attirant ainsi l’attention sur le fait que les contacts intimes tels que les baisers peuvent contribuer à augmenter le risque de propagation de la maladie, du fait de la proximité physique.
Cette étude est toutefois limitée par la petite taille de l’échantillon et le court suivi ultérieur. Les auteurs estiment par conséquent que « des études supplémentaires sont nécessaires en ce qui concerne les informations détaillées sur l’excrétion virale, le temps de survie et la concentration dans le sperme ».
Aucune preuve pour l’instant, selon l’OMS
Ces résultats sont différents de ceux obtenus par une autre étude menée sur 34 hommes chinois atteints de COVID-19 par des chercheurs américains et chinois, et publiée le 17 avril 2020 dans la revue Fertility and Sterility. Cette étude, conclut qu’aucune preuve de virus Covid-19 n’a été découverte dans le sperme. « Le SRAS-CoV-2 n’a pas été détecté dans le sperme de patients se remettant de COVID-19 un mois après le diagnostic de COVID-19 ». « Les effets à long terme du SRAS-CoV-2 sur la fonction de reproduction masculine restent inconnus », expliquent les chercheurs.
Contacté le lundi 11 mai 2020, Dr Richard Mihigo, Coordonnateur adjoint de la riposte Covid-19 du Bureau régional de l’OMS Afrique à Brazzaville (Congo), déclare qu’aucune preuve ne permet à ce stade d’affirmer que le Covid-19 se transmet par des rapports sexuels. « Nous n’avons aucune évidence pour le moment dans ce sens », fait-il remarqué.
En conclusion, aucune preuve ne permet de dire que le Covid-19 se transmet lors des rapports sexuels. Le virus se transmet principalement d’une personne à l’autre par le biais de gouttelettes respiratoires expulsées par le nez ou par la bouche lorsqu’une personne malade tousse, éternue ou parle, ainsi qu’à travers les gouttelettes sur les objets ou les surfaces.
C’est pourquoi l’OMS recommande notamment de se tenir à un mètre au moins des autres personnes et se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydro-alcoolique.
Toutefois, les contacts sexuels, du fait de la proximité physique ainsi que les baisers, peuvent contribuer à augmenter le risque de transmission de la maladie.
Mohamed Compaoré