L’augmentation des cas de Covid-19 ces dernières semaines en Côte d’Ivoire est parfois attribuée à la saisie des pluies.
Des informations relayées sur WhatsApp soutiennent que « la dynamique de contagiosité va s’élever en ces temps pluvieux ». « Le ralentissement de la propagation virale que certains attribuaient à tort au fait que le virus était tué par la chaleur. En saison pluvieuse les projections de gouttelettes contaminantes restent plus longtemps avant d’être désagrégées pour exposer les virus à l’air. Les gouttelettes de projections resteront des jours sur les surfaces avec leur pouvoir contaminant sans rayon de soleil pour les dessécher », peut-on lire dans cette publication qui poursuit : « Les masques tels que utilisés en ce moment (très mal) risque d’être facteur d’accélération de la contamination en ces temps pluvieux où les masques seront des pièges de conservation des gouttelettes contaminantes ».
Il n’y a aucune étude
Interrogé, le Professeur Aristophane Tanon, adjoint au chef de Service des maladies infectieuses du Centre hospitalier et universitaire (CHU) du Treichville, répond qu’il n’y a pas d’étude qui montre l’incidence de la saison des pluies sur la propagation de la Covid-19. Il souligne que l’hypothèse est qu’en saison de pluie, il y a des rapprochements qui peuvent favoriser la propagation de la Covid-19.
Sur ce sujet, le Dr Edith Kouassy, conseillère technique au ministère de la Santé et de l’hygiène publique, a indiqué le 18 juin 2020 qu’« il n’y a pas d’étude qui établit un lien entre la saison des pluies et l’apparition de la maladie à Covid-19 », ajoutant qu’en temps de pluie, « les maladies comme la grippe et le rhume surviennent » de coutume.
Le Dr Théodore Adjakpa, enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin), estime que la fraicheur peut être un facteur de la recrudescence de la Covid-19. « Ce virus agit efficacement en milieu humide et frais. Là où ça fait plus de dégâts, c’est au-delà des milieux intertropicaux, c’est-à-dire en zone tempéré, polaire là où il fait frais. Les pluies actuelles emmènent la fraicheur. L’atmosphère est fraiche et la température de l’air tourne autour de 25°C sinon moins en période de pluie », observe ce spécialiste en gestion des risques et catastrophes. « La chose fondamentale, c’est que ces masques qui sont jetés pêle-mêle dans la nature sont des vecteurs potentiels de la contamination des eaux dans lesquelles nous passons lorsqu’il pleut. Parce que quand il pleut, nous traversons les eaux de pluie. Or, ces masques qui sont jetés un peu partout dans la nature gardent le virus », poursuit-il.
Les maladies favorisées par la saison pluvieuse
Dr Théodore Adjakpa précise que « ce qui est prouvé, c’est le paludisme, le choléra, la dysenterie et les maladies hydriques en général. Mais on peut affirmer que le Covid agit avec plus de virulence en milieu humide et frais à l’image de ce qu’on a actuellement dans les pays côtiers ouest africains ».
De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne que la Covid-19 « se transmet principalement d’une personne à l’autre par le biais de gouttelettes respiratoires expulsées par le nez ou par la bouche lorsqu’une personne malade tousse, éternue ou parle » ou en touchant les yeux, le nez ou la bouche après avoir touché des objets ou ces surfaces contaminés. C’est pourquoi l’OMS recommande notamment de se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydroalcoolique et de garder une distance physique d’un mètre entre les personnes.
En conclusion, au-delà de l’augmentation du nombre de cas positifs observés en cette période, plusieurs spécialistes notent qu’il n’y a pas d’étude qui établit le lien entre la saison des pluies et la propagation de la Covid-19.
Anderson Diédri