Des chiffres diffusés sur les réseaux sociaux notamment WhatsApp donnent le nombre de décès entre le 1er janvier et le 1er mai 2020 liés à certaines maladies et causes de moralité suivantes : coronavirus (237 469), malaria (327 267), suicides (357 785), accidents de la route (450 388), cancer (2 740 193), malnutrition (3 731 427), maladies infectieuses (4 331 251), avortements (14 184 388).
Cette publication, qui fait une comparaison entre les décès de la Covid et d’autres malades, cite comme source des données l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le site Worldometers.info. Ces chiffres sont-ils exacts ? Comment les analyser ?
Worldometer est un site web qui calcule en temps réel, sur la base de plusieurs algorithmes, des données relatives à la population mondiale, l’économie, l’environnement, l’alimentation, l’eau, l’énergie et la santé.
Ainsi, à la date du 8 juin 2020, après-midi, Worldometer fournissait en temps les estimations en termes de décès pour les maladies et causes suivantes : paludisme ou malaria (429 173), suicides (469 219), accidents de la route (590 665), cancer (3 593 465), personnes décédées de la faim ou malnutrition (4 894 189), maladies infectieuses (5 679 994) et avortements (18 605 671).
On constate que les chiffres sur le visuel relayé sur les réseaux sociaux proviennent des données de Worldometer. Les mises à jour quotidiennes et en temps réel expliquent les différences entre les chiffres à la date du 1er mai et ceux du 8 juin 2020. Même si au 1er mai 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dénombrait dans le monde 3 175 207 cas de Covid dont 224 172 décès, contrairement aux 237 469 morts annoncés sur le visuel.
Interrogé, le Bureau de l’OMS en Côte d’Ivoire a communiqué des informations sur les décès liés à certaines maladies. Dr Ambroise Ané, Conseiller national pour la prévention et le contrôle des maladies a donné « les estimations annuelles de l’OMS » concernant les décès de la malaria (environ 500 000), des suicides (environ 1 000 000), des accidents de la route (environ 1 500 000), des cancers (environ 10 000 000), de la malnutrition (environ 2 200 000), les avortements (environ 80 000).
Les estimations de décès de Worldometer (en milieu d’année) et celles de l’OMS (annuelles) semblent coïncider par moment. Toutefois, des différences énormes sont constatées au niveau du nombre de morts liés aux avortements : 18 605 671 envisagés par Worldometer contre 80 000 par l’OMS.
L’impact de la Covid sur le système de santé
Selon Dr Ambroise Ané, il est encore trop tôt pour évaluer l’impact de l’épidémie en cours et ses répercussions sur le système de santé. « Sur la période de janvier à mai 2020, l’OMS n’a pas éprouvé le besoin de produire des données comparatives avec le Covid-19 sous cette forme ; la raison en est que pour l’OMS, ce type de comparaison n’est pas pertinent s’il se limite au nombre de décès liés à chacune des pathologies », explique-t-il. Il ajoute qu’on ne peut pas déduire sur la base du nombre de décès « que le Covid-19 serait en réalité moins grave ».
Ce spécialiste explique que « le fardeau d’une maladie se mesure au-delà des chiffres de décès pour prendre en compte d’autres facteurs comme la surmortalité, le poids économique, etc. Une question serait par exemple de savoir quel a pu être l’effet du Covid-19 sur la mortalité liée aux autres pathologies sur la période considérée, lorsqu’on tient compte de la pression sur le système de santé en termes d’occupation des lits pour les malades du cancer, de disponibilité de lits de réanimation pour les accidents de la route, de charge de travail pour les médecins devant prendre en charge la malaria, etc. ».
Les estimations de décès de Worldometer (en milieu d’année) et celles de l’OMS (annuelles) semblent coïncider par moment. Toutefois, Dr Ambroise Ané, Conseiller national pour la prévention et le contrôle des maladies au bureau de l’OMS en Côte d’Ivoire, précise que la gravité de la Covid ne peut se mesurer uniquement par le nombre de morts mais d’autres facteurs comme le poids économique et la surmortalité.
Anderson Diédri