Cette réunion du CNS a été consacrée à l’examen de la situation sécuritaire nationale ainsi qu’au point de la mise en œuvre des diligences du plan de riposte dans le cadre de la lutte contre la maladie à coronavirus, Covid-19. Le constat est clair : l’augmentation du taux de contamination ces derniers jours.
D’où les décisions du CNS, à savoir le maintien de l’isolement du Grand Abidjan, en renforçant le contrôle aux entrées/sorties et en sanctionnant les cas de violation, le maintien de l’état d’urgence et de la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes jusqu’au mardi 30 juin 2020, le renforcement du contrôle de l’obligation de port du masque, notamment par la sensibilisation communautaire et la répression, le maintien de l’interdiction des rassemblements de population à Abidjan, dont le maximum autorisé est dorénavant réduit de 200 à 50 personnes.
Constat du regain de la contamination
La Côte d’Ivoire a atteint la barre de plus de 4 000 cas confirmés au Covid-19, mercredi 10 juin 2020, avec 186 nouvelles contaminations. Ces nouvelles infections ont été répertoriées sur un échantillon de 612 tests, soit un taux de séropositivité de 30,4%, a fait savoir le directeur général de la santé, Pr Samba Mamadou. A la même date, un nombre total de 129 patients guéris a été enregistré, le cumul des personnes guéries depuis l’apparition de la pandémie en Côte d’Ivoire s’élève à ce jour à 2 174, a-t-il précisé, ajoutant que 1 966 patients sont encore en traitement.
Selon le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, 33 476 tests effectués ont été analysés au laboratoire à la date du 11 juin 2020. La Côte d’Ivoire enregistre au total 4181 cas confirmés de Covid 19, avec 2174 guéris et 41 décès. Au vu de ce constat amer, le CNS a réexaminé sa position sur la situation sanitaire et sécuritaire au plan de riposte contre la Covid-19.
Explications possibles
Dr Jean-Marie Yaméogo, Représentant-Pays de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Côte d’Ivoire, a justifié, le 3 juin 2020, la hausse des cas de Covid par deux facteurs principaux. D’abord, l’augmentation des dépistages due à l’accroissement des centres de dépistage ouverts notamment dans l’ensemble des communes d’Abidjan, au renforcement de la sensibilisation et à la fréquentation des centres de dépistage par les populations qui cherchent de plus en plus à connaitre leur statut. « On observe une augmentation progressive du nombre de cas comme dans les autres pays d’ailleurs, et nous voyons qu’il y a une transmission communautaire en ce qui concerne la Côte d’Ivoire », a fait remarquer Dr Jean-Marie Yaméogo. « Il suffit de prendre la rue et vous voyez qu’il y a très peu de gens, sinon moins de 50% de la population, qui portent le masque dans les lieux publics. Cela est préoccupant. Ça veut dire qu’on ne pourra pas interrompre la transmission communautaire. Ça veut dire également que nous devons nous attendre à beaucoup plus de cas tant dans la région d’Abidjan, qui est la plus affectée, qu’à l’intérieur du pays », a-t-il prévenu.
Les gros foyers d’infection dans le grand Abidjan…
La Côte d’Ivoire a passé le cap des 4 000 cas diagnostiqués au Covid-19 et le grand Abidjan reste toujours l’épicentre de la pandémie. Aucun district sanitaire n’est épargné, et de gros foyers se sont développés à Abobo et à Yopougon, les communes les plus peuplées d’Abidjan, suivies de Koumassi à très forte densité de population. Cependant, l’intérieur du pays demeure faiblement impacté à ce jour, a expliqué, jeudi 11 juin 2020, le directeur général de l’Institut national d’hygiène publique (INHP), Pr Joseph Bénié Bi Vroh. Selon lui, le virus continue activement de circuler surtout au niveau communautaire.
Les recommandations de l’OMS…
L’OMS a recommandé une « approche progressive » dans l’assouplissement des mesures de restriction ou de déconfinement. Pour l’organisation onusienne, le pays doit s’assurer que les structures de santé et les capacités de dépistage et de prise en charge des patients sur l’ensemble du territoire sont disponibles. « Lorsque nous observons ce qui s’est passé, nous pensons que l’approche progressive a été, je crois, mal comprise par la population parce que la levée de certaines mesures a entrainé rapidement un changement de comportement, en se disant : ‘’il n’y a plus de cas, la Covid est finie, on peut faire comme avant’’ (…) La non observation de ces mesures-là est un facteur inquiétant qui pourrait emmener un maintien de la transmission de la maladie », a analysé Dr Jean-Marie Yaméogo.
Selon les prévisions de l’OMS, près de 83 000 à 190 000 personnes en Afrique pourraient mourir de la Covid et entre 29 millions et 44 millions de personnes pourraient être infectées en Afrique au cours de la première année de la pandémie si les mesures de « confinement ou d’endiguement » ne sont pas mises en œuvre.
Mohamed Compaoré