L’enveloppe de la Banque provient du Fonds africain de développement, le guichet de prêt à taux concessionnel du Groupe de la Banque. Elle doit permettre aux gouvernements du Burkina Faso, du Mali, de Mauritanie, du Niger et du Tchad, qui composent le cadre régional de coopération et de coordination du G5 Sahel, de renforcer leurs capacités nationales afin d’enrayer la propagation du coronavirus. Il s’agit aussi d’en atténuer les répercussions sociales et économiques, dans cette région, où la pandémie provoque une situation d’urgence sans précédent, qui s’ajoute aux crises multiples déjà en cours dans la région. Selon ladite annonce
Cette intervention privilégiera la conduite d’activités dans les zones les plus touchées par les conflits et la violence, subissant un afflux élevé de personnes victimes de déplacement forcé et où la présence des institutions gouvernementales est limitée.
Le Sahel compte 3,1 millions de réfugiés, de personnes déplacées dans leur propre pays, de rapatriés et de personnes menacées d’apatridie. Dans les cinq pays de la région, on a enregistré jusqu’à présent 10 000 cas de contamination au Covid-19 et 459 décès. Bien que les mesures d’urgence visant à enrayer la propagation de la maladie fassent l’objet d’une levée progressive et prudente, il est essentiel de renforcer l’intervention sanitaire pour les communautés les plus vulnérables.
« Pour les réfugiés et les personnes qui fuient déjà la guerre et la violence au Sahel, ainsi que pour les pays d’accueil, la pandémie de Covid-19 a des effets dévastateurs », a déclaré Kelly Clements, haut‑commissaire adjointe des Nations unies pour les réfugiés, qui a signé l’accord au nom de l’agence onusienne. « Cette contribution s’ajoute aux efforts déployés à l’échelle mondiale en vue de mobiliser un soutien financier et politique en faveur de l’intervention humanitaire dans la région.
Le projet vise également à renforcer les systèmes alimentaires et nutritionnels, dans une région où 5,5 millions de personnes sont menacées d’insécurité alimentaire, selon les estimations des Nations unies.
« Cette opération renforcera les capacités des pays du G5 Sahel et leur permettra d’appuyer les actions humanitaires et de développement de la région, de compléter les interventions menées dans le cadre de l’initiative de l’Alliance pour le Sahel et de soutenir les plus vulnérables », a déclaré de son côté, Khaled Sherif, vice-président de la Banque africaine de développement, en charge du développement régional, de l’intégration régionale et de la prestation de services. « Grâce à ce projet, la Banque aidera à atténuer l’impact socioéconomique négatif de la crise du Covid-19 dans les pays du G5 Sahel, où les communautés sont déjà vulnérables et touchées par les conflits et l’insécurité. »
Le projet appuiera également des campagnes de sensibilisation sur le Covid-19 et renforcera les infrastructures de santé, la surveillance épidémiologique et la gestion des cas. Il permettra également l’acquisition de fournitures et d’équipements médicaux essentiels pour la prévention, le contrôle et le traitement des patients atteints de la Covid-19.
« Le Sahel requiert plus que jamais une attention accrue et coordonnée de la part des États de la région et de la communauté internationale, afin d’endiguer la spirale de la violence et de créer ainsi un environnement propice à un développement socioéconomique inclusif et durable », a déclaré, pour sa part, le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, président en exercice du G5 Sahel.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la Facilité de réponse rapide a la Covid-19 (CRF) de la Banque africaine de développement, d’un montant total de 10 milliards de dollars, qui constitue le principal instrument d’aide aux pays africains mis en place par la Banque pour atténuer les effets de la crise sur l’économie et la santé. L’intervention du HCR dans le projet sera conforme aux principes humanitaires de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.
Ces types de partenariats sont encouragés par le Pacte mondial sur les réfugiés, en tant que cadre de partage des responsabilités plus prévisible et plus équitable. Ce projet conjoint illustre la façon dont le Pacte peut être appliqué et constitue un modèle permettant à d’autres entités financières et de développement de prendre la mesure des besoins massifs créés par les déplacements forcés et la pandémie et de s’engager à y répondre.
Mamady Kebe