Une publication sur les réseaux sociaux notamment sur facebook publiée le 4 juillet 2020 à 1h16 min du matin, affirme que le coordinateur du comité de lutte contre le coronavirus, le virologue Jean-Jacques Muyembe, a validé un remède contre le Covid-19 élaboré à base d’artemisia par le chercheur Jérôme Munyangi sachant que l’efficacité de l’artemisia contre la covid-19 est source de controverse. Nous avons vérifié.
Que dit la publication
« J’annonce avec joie immense à la population Congolaise et celle du monde entier que le digne fils de la RDC vient de sauver le Monde face à la pandémie de la COVID 19, Il s’agit du traitement à base des plantes du Dr Jérôme Munyangi. Impossible n’est pas la RDC , grâce à son produit nous avions guéris 1978. En 4 jours seulement… ».
Qui est Jérôme Munyangi ?
Jérôme Munyangi, qui se présente comme un « enseignant-chercheur » sur le réseau professionnel LinkedIn, est un partisan des remèdes médicaux à base d’artemisia. Dans un documentaire de janvier 2019, il avait notamment défendu l’efficacité contre le paludisme des tisanes à base de cette plante répandue dans les pharmacopées traditionnelles africaine et chinoise. De retour en mai en RDC après un bref exil en France, il a proposé aux autorités sanitaires un remède pour lutter contre le Covid-19, qui doit faire l’objet d’essais cliniques. Selon lui, ce remède contient « de l’artemisia et autre chose que je ne peux dire par secret professionnel », a déclaré Jérôme Munyangi à l’AFP le 6 juillet.
L’efficacité de l’artemisia contre le Covid-19 est source de controverse depuis le lancement fin avril par le président de Madagascar d’une tisane censée prévenir et guérir la maladie.
Démenti du comité de riposte
Le Secrétariat technique de la riposte contre le Covid-19 en RDC a démenti le 6 juillet 2020 toute validation du traitement de Jérôme Munyangi par Jean-Jacques Muyembe.
« Nous tenons à vous informer que le Professeur Jean Jacques Muyembe, Secrétaire Technique de la riposte contre la Covid-19 en RDC n’a pas pour mandat la validation d’un quelconque médicament contre le Coronavirus au pays », a écrit le secrétariat technique de la riposte contre le Covid-19 sur sa page Facebook.
« Il n’est ni le comité d’éthique, ni l’autorité de réglementation des médicaments. Cette responsabilité revient exclusivement au gouvernement congolais à travers son Ministère de Santé ».
« Les chiffres de 1.978 personnes guéris en quatre jours évoqués par les publications que nous vérifions sont également faux », assure le Secrétariat technique.
Jérôme Munyangi a également confirmé que le docteur Muyembe n’a pas autorité pour « valider (son) remède ». « Ce n’est pas à lui de valider. Docteur Muyembe n’est pas une institution, il n’a jamais été un organe de régulation, il n’aura qu’à constater le résultat car au Congo, il y a les organes de réglementation pour valider les médicaments », souligne-t-il.
L’histoire de l’artemisia dans la lutte contre la Covid-19
L’artemisia a été au coeur de vifs débats ces derniers mois, après le lancement le 20 avril par le président malgache Andry Rajoelina d’une tisane remède, baptisée « Covid Organics », à base de cette plante et d’autres herbes qui poussent à Madagascar.
Cette tisane, efficace à la fois dans un rôle « préventif et curatif » selon le président malgache, a connu un fort écho sur les réseaux sociaux.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a, elle, multiplié les mises en garde assurant qu’aucune étude scientifique n’a jusqu’à présent prouvé l’efficacité de l’artemisia dans la lutte contre le Covid-19.
Mohamed Compaoré