D’où est partie cette information ?
L’information selon laquelle la compagnie aérienne Air France reprendra à partir du 3 juin 2020 ses vols vers les pays africains, dont la Côte d’Ivoire, a été largement relayée aussi bien par de nombreux médias que sur les réseaux sociaux. Nos recherches montrent qu’un visueldétaillant le programme des vols de Air France a été diffusé en Côte d’Ivoire sur Twitter et sur Facebookle 9 mai 2020.
L’information est ensuite publiée par plusieurs médias ivoiriens. Apr-news écrit le 10 mai 2020 que « la compagnie aérienne Air France reprendra ses vols commerciaux en direction du continent africain, en juin 2020. Le programme détaillé de cette reprise est parvenu à Aprnews ce 10 dimanche 10 mai 2020 ». « Il en ressort que les premiers vols partiront de l’aéroport Charles De Gaule à Paris, le 3 juin 2020. Et la date de démarrage varie selon les destinations. La Côte d’Ivoire et le Benin seront les premiers pays à être desservis, dès le 3 juin 2020 », décrit le média. Sur ce site d’information, cette publication était en tête des articles les plus lus ce 13 mai 2020, affichant plus de 100 000 vues.
Le site internet du quotidien L’Expression, ainsi que des médias en ligne comme Operanews ou Connection Ivoirienne ont également publié cette information annonçant la reprise des vols de Air France. En plus de la Côte d’Ivoire, cette nouvelle a été relayée dans de nombreux pays africains notamment par des médias en Guinée (Conakry), au Togo, au Benin, au Cameroun, et par des médias panafricains ou internationaux. Plusieurs médias et internautes s’interrogent aussi sur la reprise des vols, au moment où les frontières de la plupart des pays sont fermées à cause de la maladie à coronavirus (Covid-19).
La réaction de Air France
Contacté ce 13 mai 2020, Air France a indiqué que ce programme de reprise des vols n’a pas été établi par la compagnie. « Une chose est sûre, le tableau des vols ne vient pas d’Air France », a réagi Mathieu Guillot, attaché de presse à la direction de la communication de Air France, à Paris.« A ce jour, et pour les mois de mai et juin, sur le réseau Afrique, seules les destinations de Dakar et Cotonou restent ouvertes à la vente avec 2 vols par semaine sur Dakar les mardis et dimanches et 1 vol par semaine sur Cotonou les mercredis », explique-t-il, reprenant les termes d’un communiqué publié sur le site de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC) du Gabon. Dans cette autre publication, il est précisé que le rapatriement des clients par des vols « à des fréquences réduites » se déroule vers plusieurs destinations dont Cotonou, Dakar et Abidjan pour l’Afrique subsaharienne.
La compagnie admet que des vols se déroulent malgré la fermeture des frontières due à la maladie à coronavirus (Covid-19) mais il s’agit de rapatriement. « La crise sanitaire mondiale entraînée par la COVID-19 a donné lieu à une grande opération de rapatriement. Ces dernières semaines des centaines de milliers de voyageurs ont pu rejoindre leur domicile au plus vite, présentant un défi opérationnel sans précédent face aux nombreuses fermetures de frontières et d’espaces aériens. Ces opérations de rapatriement touchent désormais à leur fin dans la plupart des régions », explique l’attaché de presse de la compagnie aérienne.
‘ L’activité d’Air France se concentre désormais sur l’exécution d’un programme de vols minimum, équivalent à 5% environ des capacités habituellement offertes », précise-t-il.
Mathieu Guillot assure que Air France travaille avec les autorités françaises et internationales pour « adapter » son programme de vols en temps réel, compte tenu de l’évolution de la situation et des nouvelles restrictions imposées aux compagnies aériennes.
En effet, dans le communiqué du gouvernement ivoirien annonçant la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes de la Côte d’Ivoire à tout trafic de personnes à compter du 22 mars 2020, il est précisé que « les trafics de marchandises sont autorisés, sous réserve de contrôles sanitaires réalisés par les autorités compétentes » et « des couloirs humanitaires ainsi que de sécurité seront ouverts pour faire face aux besoins spécifiques de gestion de la pandémie ».
Les « vols spéciaux » continuent
Dans un communiqué publié le 21 avril 2020, la compagnie annonce que « depuis le 14 mars 2020, Air France et Transavia ont assuré plus de 1 800 vols au départ de 132 aéroports répartis dans 82 pays, permettant ainsi le rapatriement de plus de 270 000 passagers dont 150 000 ressortissants français ».
En collaboration avec les autorités françaises et les différents pays, Air France qui a annoncé que le port du masque est obligatoire pendant les voyages à compter du 11 mai 2020, assure avoir obtenu « les autorisations nécessaires au maintien du programme de vols régulier ainsi qu’à la mise en place de vols spéciaux exclusivement dédiés aux opérations de rapatriement ».
Dans une publication mis à jour le 13 mai 2020 sur son site internet, le ministère français de l’Europe et des affaires étrangères confirme que suite à la fermeture de nombreuses frontières, un dispositif exceptionnel a permis à plus de 180 000 français de regagner la France grâce notamment Air France. Le Quai d’Orsay précise que les « vols commerciaux spéciaux » sont encore prévus dans les jours à venir, mais « touchent à leur fin ».
Par ailleurs, sur le visuel largement relayé, annonçant la reprise des vols, on peut lire « Qui-Go ». Qui-Go renvoie à la société QG Connect, basée en France. Cette plateforme est un marché en ligne facilitant la mise en relation des différents acteurs de l’industrie du voyage, à travers les services d’envoi de colis, de courriers et de bagages. Il ne s’agit donc pas de Air France.
Le programme des vols publié ne vient pas de Air France
En conclusion, le programme de reprise des vols vers la Côte d’Ivoire et plusieurs pays africains, attribué à Air France, ne provient pas de la compagnie, assure son attaché de presse. Des vols sont effectués, notamment pour des opérations de rapatriement, malgré les mesures de fermeture des frontières à cause de la maladie à coronavirus (Covid-19) mais les « autorisations nécessaires » sont obtenues à cet effet.
Mohamed Compaoré et Anderson Diédri